Appuyée contre un arbre, elle laissait son esprit vagabonder. Elle était fatiguée, même harassée. Cela faisait des jours et des jours qu’elle fuyait sans relâche, n’osait à peine se poser ou regarder par-dessus son épaule. Elle tâta par réflexe sa sacoche pour s’assurer qu’elle n’avait rien perdu.
Reprenant son souffle, elle s’essuya le front et recommença à avancer ; elle n’avait pas de temps à perdre, même si c’était pour se reposer. Il fallait mettre le plus de distance entre, eh bien entre elle et ce qu’elle avait laissé.
Au moindre bruit, elle sursautait et serrait son sac à s’en blanchir les articulations des mains. Elle n’en pouvait plus d’avancer ainsi.
Elle ne savait pas si elle avait pris la bonne décision ou si elle s’était trompée, si elle allait vers son salut ou vers sa perte. Cela faisait des jours qu’elle n’avait pas pu dormir une nuit complète sans se réveiller, les yeux hagards, le front trempé de sueur, tremblotante, son sac collé contre sa poitrine et les larmes coulant le long de ses joues. Forte, elle devait être forte, ne pas se laisser abattre, et surtout, avoir la volonté de continuer à mettre un pied devant l’autre.
De temps en temps, elle avait l’impression de sentir un souffle sur son épaule, dans son cou, la faisant frissonner de terreur. Un peu plus, un peu moins, qu’est-ce que sont quelques minutes supplémentaires face à une vie entière ?
Elle avançait pour survivre, elle fuyait ce qu’elle ne pouvait supporter : une personne, une situation, une maladie, une chose, un animal, n’importe quel être vivant ?
Elle devait aller plus loin, faire confiance à son instinct, oublier ce qu’elle ressent et penser à ce qu’elle méritait : une vie sans peur, une vie calme et posée, une où elle pourrait vivre sans crainte.
C’était tellement fatiguant de se battre en permanence pour l’inconnu, sortir de sa zone de confort, repousser les parasites.
Trébuchant d’épuisement, elle tomba tête la première dans l’herbe. C’est bon, elle en avait marre, elle avait donné tout ce qu’elle avait. S’il la rattrapait, tant pis, elle donnerait tout, jusqu’à la fin. Elle se releva et remonta ses manches, prête à venger sa vie.